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Des mots niak'
21 octobre 2011

Restless.

Lundi 17 octobre, il est 17h45 aux 5 Caumartin, Paris. 
La salle est presque vide. Mais plus étonnant encore : pas un homme. 
Restless n'attire-t-il que les filles ? Théorie foireuse, retour sur un film à couper le souffle.

1) Le titre.

Spontanément, "restless" m'évoque la mort. Rest in peace. Sauf que le dictionnaire anglais-français annonce le contraire. adj : "agité, tourmenté". L'intuition est mauvaise, il s'agirait plus volontiers d'un débordement de vie. Il n'empêche que le thème principal du film est bel et bien la mort. Le "memento mori" est-il in ? telle est la question.

2) L'aspect prévisible.

L'histoire et son dénouement sont dès le début connus de tous. Annabel et Enoch se rencontrent à l'enterrement d'un inconnu. Ils partagent une même fascination pour la mort et ses rites, s'attirent, s'assemblent. Mais leur rencontre n'est qu'un point fixe dans un mouvement général, c'est le croisement de deux chemins opposés. Le principe est un peu le même que celui de Benjamin Buton :  Enoch a vécu la mort, la connaît et la dépasse peu à peu. Annabel apprend à vivre avec, à l'apprivoiser et se dirige insensiblement vers elle. L'un renaît, l'autre sombre.

3) Un monde intérieur

C'est un micro détail, mais un détail symbolique. Dans une époque que l'on peut supposer actuelle, nulle trace de moyen de communication. Pas de téléphone, pas d'internet, des dialogues tout simplement. Les protagonistes sont comme coupés du monde, réfugiés dans une bulle. Une adolescence brisée qui ne peut se livrer qu'à elle-même. Dès lors, Enoch et Annabel vivent en symbiose, ils n'ont pas pas besoin du reste. Couleurs automnales, parfois grisâtres, l'image renverrait presque à de vieilles photos. Sépia. Restless se moque du temps, joue sur un décalage volontaire, opte pour l'intemporalité.

4) Intimisme

Admettons qu'il y ait des clichés, mais des grands sentiments, non. Si Mia Wasikowska quitte le pays des merveilles, ce n'est pas pour plonger dans un mélodrame où le baromètre lacrymale seul viserait à évaluer la qualité cinématographique. Restless sonne juste. C'est fin, c'est subtil, pudique - et d'autant plus émouvant. 

5) Exit le fantastique

Lorsqu'il est question de mort comme thème central, le genre est bien souvent fantastique. Mais dans la mesure où, ici, elle n'étonne personne, où ses apparitions ne suscitent aucun doute, on est manifestement dans le merveilleux. C'est peut-être bien la meilleure façon de dompter une angoisse à laquelle personne n'échappe. Alors oui, il y a un fantôme, soit, mais plutôt rassurant qu'autre chose. Hiroshi le kamikaze a choisi sa mort, il est apte à guider les jeunes amants dans leur chemins respectifs vers/loin de la mort.
Cet aspect merveilleux n'enlève en rien la gravité qui s'impose au fur et à mesure. La légereté laisse place à une prise de conscience, désormais dénuée de toute fièvre sentimentale.

"Death is easy — it is love that is hard"

 

 

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