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Des mots niak'
11 juin 2012

Compte rendu d'audience : La prison comme garde-fou


Un retraité de chez Yves-Saint-Laurent a été condamné pour violences conjugales… à sa demande.


Un prévenu souhaitant rester en détention. Un procureur se refusant à requérir une peine. Un avocat de la défense avouant son incapacité à plaider. L’affaire Fassola relève de la « situation ubuesque »
Jugé mardi au tribunal de Bobigny (Seine saint Denis), le retraité est accusé d’avoir frappé sa femme, au visage, à la tête, et dans les côtes. De l’avoir menacée de mort.
En trench léopard et bottines en moumoutte, elle oblige la présidente à parler fort pour l’entendre. Parle fort pour s’entendre elle-même. «  Au début, cet homme était très bien. Mais il est devenu fou. Maintenant, j’ai peur chez moi »
Psychologiquement instable, M. Fassola ne conteste pas les faits, il exprime ses regrets. Voix étouffée, gestes hésitants, yeux constamment baissés, il transpire la nervosité. Déglutit. «  Je prends un médicament qui me fait avoir des réactions bizarres. Je suis violent par moment. » 
Casier vierge, longue carrière chez Yves-Saint-Laurent, le procureur rappelle combien une telle altération de sa personnalité était imprévisible. Combien la situation est inédite. « C’est l’histoire d’une dispute qui dégénère. M. Fassola a des problèmes psychologiques lourds, il n’a pas sa place en détention. Je n’ai pas de solution miracle. » 
L’avocat de la défense en propose une : éloigner le prévenu de sa femme. « Il faut en finir. La cohabitation est devenue insupportable, mon client a besoin d’être arraché physiquement à son épouse. »
En pleurs, M. Fassola demande à parler à sa femme. Il parvient malgré les injonctions du tribunal à lui souhaiter un bon anniversaire, reçoit en retour des souhaits de bon rétablissement. Avant de partir quatre mois en prison. Pour eux, quatre mois de séparation.

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