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Des mots niak'
10 février 2013

Quand les cinémas indépendants (re)tombent dans la dépendance

 

En marge des multiplexes qui fleurissent dans la capitale, quelques petits cinémas dits indépendants tentent de survivre. Entre choix idéologiques et sacrifices.

 

Depuis le 1er janvier 2013, tous les cinémas français sont équipés de technologie numérique. Pour beaucoup de petites salles indépendantes, cette nouvelle exigence était pourtant synonyme d'acte de mort. Comment financer une telle modernisation avec un budget fort serré ? Comment résister face aux multiplexes omniprésents ? Surpuissants. La réforme risquait de renforcer la concurrence des grands groupes d'exploitation.

Mais c'était sans compter sur les subventions, dont ces cinémas se nourrissent pour survivre. Perdant, au fond, leur indépendance. Reposant entièrement sur des politiques culturelles favorables. En 2011, le CNC (Centre national du cinéma) a ainsi financé la transition numérique de 322 cinémas à hauteur de 20,15 M € Sans diminuer pour autant son soutien aux cinémas d'art et d'essai (13,84 M € pour 1077 établissements) ou soumis à la concurrence directe (1,74M € pour 39 salles concernées).

« Les salles indépendantes essayent de résister au poids de l'économie, explique Françoise Bévérini, présidente de la Cinep (Association des cinémas indépendants parisiens). La mairie de Paris et la région Ile de France aident beaucoup les cinés de l'association. Leur rôle est capital. » La Ville verse en effet 950 000 € par an aux salles indépendantes d'art et d'essai.

Parmi elles, le Cinéma des cinéastes. Un établissement dans le XVIIe s'étant libéré du joug de Pathé en 1996. Pour retrouver son indépendance (idéologique) et ses choix de programmation. Pour retrouver, aussi, des soucis économiques réels. En 2006, les membres de l'ARP (Société civile des auteurs, producteurs, réalisateurs), association responsable du lieu, avaient dû cotiser personnellement pour sortir le cinéma de la faillite. Le studio des Ursulines était cédé pour renflouer les caisses.

Un appel à partenariat était lancé. Orange verse depuis 100 000 € par an au cinéma.

 

Programmation hors circuit

Zero dark thirty, Django unchained, Max, pas un film présent au box office n'est programmé au Cinéma des cinéastes. Les blockbusters, le Pathé Wepler juste en face s'en charge. Avec ses 1,3 M d'entrées (contre 160 000 pour le Cinéma des cinéastes). Avec ses 12 salles. La première, toute neuve, dont l'équipement a coûté 650 000 €, d'après Jean-Pierre Lignon, responsable du multiplexe. Bien peu, certainement, comparé à son chiffre d'affaire qu'il refuse de communiquer, précisant simplement « On est dans le top 10 national. »

Pour survivre, le Cinéma des cinéastes mise, lui, sur la différenciation. Une programmation hors circuit, étrangère et jeune public. Une programmation réunissant tous les critères pour bénéficier d'aides de l'Etat et des collectivités territoriales. Faire partie du réseau Europa cinémas permet notamment de recevoir un soutien financier de 15 000 à 50 000 € pour qui visionne un nombre significatif de films européens. Quant aux séances jeune public des mercredi, samedi et dimanche matin, elles assurent une fréquentation régulière.

Car tout est question de fréquentation. L'adhésion des cinémas indépendants aux service de cartes illimitées allaient en ce sens : l'ARP obtenait l'opportunité d'augmenter son public de 10% tout en ayant la garantie de ne pas vendre à perte.

 

Etre un cinéma indépendant reste un choix. Le choix de refuser un marché dominant du cinéma. Le choix d'être tributaire de subventions plutôt que d'un groupe. Le choix d'une liberté. Partielle.

 

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