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Des mots niak'
3 décembre 2010

Somewhere.

Synopsis on ne peut plus élémentaire :

"Johnny Marco, acteur à la réputation sulfureuse vit à l'hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans."

Pas vraiment de quoi appâter le spectateur, non ? Et en effet, Lion d'or à Venise, il est criminel de réduire ce film à une telle présentation.

Somewhere3

"Johnny tu n'es pas un ange", non, tu es un looser. Eh bien, c'est vrai, l'intrigue se cantonne à la crise existentielle d'une star hollywoodienne. Fort heureusement, ce n'est pas l'intrigue qui importe dans ce film.

Un bon point de départ, tout de même. Johnny, donc, est jeune, beau, riche et célèbre. Tout pour plaire, en somme, le prince charmant des temps modernes. Sauf qu'on n'a cessé de le prouver, célébrité ne rime pas avec bien-être. 

Solitude. Débauche. Bad guy. Ennui. Le personnage le dit lui-même, "[il] n'est rien". La poursuite du bonheur : un thème typiquement américain, pourtant.

Une telle vie de strass ternis ne s'oppose que mieux à la pureté de Cleo, sa fille. Et c'est elle qui occupe le rôle le plus essentiel. La relation père/fille a déjà fait couler des litres d'encre et bon nombre de pellicules, on réitère avec Sofia Coppola. Vous l'aurez compris, le scénario n'a rien de révolutionnaire. Et alors ?

Cleo occupe deux fonctions : le révélateur, mais aussi le remède. 11 ans. Un âge clé. Ingrat et lucide à la fois. Elle est assez grande pour comprendre ce qui se trame dans la vie de son père, mais aussi pour émettre des reproches. Regards réprobateurs en témoignent. 

Somewhere

La vanité du protagoniste fond à ses côtés. Il devient touchant, perd de sa superficialité pour laisser à voir son "moi profond". Facile comme analyse, n'est-ce pas? 

Le charme de ce film tient en partie à la maîtrise de la réalisation. S. Coppola paraît se délecter devant des scènes "sans utilité", et intégrales, sans ellipse ravageuse. Une Flaubert au cinéma : de longues descriptions qui ne font pas avancer le récit, mais émeuvent. Bel exemple que celui de Cleo sur la glace. Le rythme, en conséquence, est lent. Le temps du récit est celui du quotidien. Aussi la durée du film relève-t-elle d'une juste mesure. A lenteur, film court.

Toujours dans cette logique, la réalisatrice fait preuve d'un art du plan fixe. La première scène n'en est que plus troublante, quasi expérimentale. Autre jeu, celui du passage constant du gros plan au long shot, et inversement. Scène de piscine, père et fille paraissent seuls. Le gros plan s'atténue, le monde environnant (re)surgit. C'est dans les esprits que tous deux sont à part, heureux, ensemble, sans que rien d'autre n'ait à parfaire un moment si unique.

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Quant au fil conducteur, il est amusant. Car ce qui figure tout le long du film, c'est la Ferrari de Johnny. D'abord emblème de la richesse et de la futilité, puis raison d'une journée supplémentaire avec sa fille, et enfin moyen de fuir, d'opérer un départ. Symbolique de la vie du protagoniste : tourne initialement en rond, se voit en définitive abandonnée.

Au centre de l'Oeuvre de S. Coppola, toujours et encore la mélancolie, le spleen latent. Un thème récurrent : celui de l'inadaptation, du personnage en marge, incapable de s'insérer dans son monde. Et un autre personnage, le frère, pour atténuer l'aspect pesant.

Un film en toute simplicité, intimiste à souhait ; une nouvelle preuve que Sofia Coppola n'est pas uniquement "fille de".

Suspense mes chers, il vous faudra attendre janvier pour la sortie officielle de Somewhere.


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Commentaires
C
Je suis cruelle :)<br /> [cela dit, si ça donne envie, j'en suis heureuse]
L
ça donne envie d'aller le voir mais ... il va falloir être patient ! Et attendre janvier :)
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