True grit.

Les frères Cohen ou le culte d'une Amérique profonde. Un personnage type ? Commun, et rural. Paradoxalement, ces caractéristiques le rendent atypique. Souvent rugueux, dur à cuire, true grit.

Et comique. 

On ne change pas une équipe qui gagne, encore moins un style qui plait. True grit se range donc pleinement dans cette tradition cohenniene. Remake de 100 dollars pour un shérif (avec John Wayne) diront certains, retour aux sources, au livre d'origine, répondront les principaux accusés et fans affiliés.

Etrangement, c'est une première chez les Cohen, la première fois qu'ils tournent un véritable western. On ne peut en dire de même pour Jeff Bridges, l'homme à la voix de ZZ Top, habitué au genre. Un genre vu, revu et rerevu, par ailleurs, mais constamment réapproprié. True Grit revêt ainsi des allures de film féministe. Plutôt original dans un monde où la virilité prédomine.

La vengeance, toujours et encore la vengeance. Le fer de lance du scénario, c'est elle. L'histoire est simple, les codes respectés.

« Les gens ne veulent pas admettre qu’une jeune fille puisse être capable de partir de chez elle en plein hiver pour aller venger la mort de son père, mais c’est pourtant ce qui est arrivé. »

1870, la guerre de Sécession vient de s'achever. Le père de Mattie a été assassiné par l'un de ses employés, un sale type jugé débile -à tort. Devant l'immobilisme judiciaire, la jeune fille décide de le venger elle-même. Elle fait donc appel au meilleur -au plus coriace- marshal de la région, Rooster Cogburn. Alcoolique à la gachette facile. En dépit des réticences de celui-ci, elle en vient à l'accompagner sur les traces du lâche fugitif. A ce duo improbable se greffe un dernier personnage, LaBoeuf (Matt Damon), ranger prétentieux, lui aussi à la recherche du vil Tom Chaney.

Face à un thème récurrent du Film Américain, celui de l'honneur familial, l'originalité de True Grit est à chercher dans le traitement des faits : "Le récit est fait par une fille de 14 ans pleine d'assurance, ce qui donne probablement au livre son côté étrange et drôle. Mais il y a aussi une dimension "Alice au pays des merveilles" parce que cette jeune adolescente évolue dans un environnement vraiment exotique et décalé pour nous". (E. Cohen)

Humour et gratuité du gore, dialogues savoureux, acteurs d'exception, rudesse tant humaine que naturelle, beauté de l'image, compatibilité des contraires, langueur, minimisation des risques, lyrisme, nous sommes bien dans l'exotisme, l'exotisme cohennien.

Même lorsqu'ils s'adressent au grand public, les Cohen savent séduire. La preuve en est.