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Des mots niak'
6 juin 2011

Tree of life.

Tree of life 4En mon absence, le verdict est tombé : Terrence Malick obtient la palme d'or à Cannes. 

Tree of life atteint la consécration. Ce film tant attendu, tant commenté, tant salué par avance ... et tant critiqué une fois sorti en salle.

Par-fait, c'est le propre d'une palme d'or d'être polémique. Soyons donc méthodique, pro (mais pas trop), pesons le pour, et le contre -surtout le contre.

POUR : On le sait depuis longtemps, T.M est un cinéaste de génie. Du point de vue esthétique, son oeuvre est splendide. Une caméra de velours, une mise en mouvement savante et perpétuelle, des couleurs léchées, pastel tant la lumière est saturée, un clair-obscur digne de Vermeer, de superbes flous, un foisonnement de détails. Vraiment, rien à redire. Quant au jeu des acteurs, là encore rien à reprocher. Tree of life 3

Le problème est le suivant : il y a sublime et il y a Sublime. Le premier aurait amplement suffit, le second, la prétention à l'élévation, l'attirance irrésistible pour ce qui relève du "là-haut" -marquée par une obsession de la contre-plongée- est parfois à la limite du supportable. Une épopée de la vie, pourquoi pas, puisque tel est le sujet de fond, mais pitié, le conceptuel a ses limites.

CONTRE : Bien, je me lance. Sean Penn, à peine visible par ailleurs, souvent de loin ou de dos, est inutile. Son rôle ne rime à rien. Enlevez le début, enlevez la fin (enlevez Sean, la construction cyclique et la mise en perspective) et vous obtenez un film excellent. En S.P se cristallise tout l'aspect métaphysico-théologique, à la fois exaspérant et vidé de son sens : une symbolique à outrance.

Que les chants grégoriens, les images de Soleil, de Terre en formation, que les dinosaures (que font-ils là ? Franchement), la fascination pour la cosmologie sont pénibles ! Ces plans qui n'en finissent pas ne sont même pas remarquables : ouvrez un livre d'astronomie, un autre de biologie, ou même un fascicule promouvant la religion la plus primitive et elles surgiront, identiques, devant vos yeux. Du déjà-vu, en somme. Et les voix qui susurent, n'émettent aucun son, sinon un sifflement ou un vague sermon...

Tree of life 2Même dans l'histoire centrale traitant de l'enfance du narrateur, de sa vie et de son éducation jusqu'à un point de non-retour -la mort de son grand frère- l'omniprésence d'une morale judéo-chrétienne pourra gêner. Car ce qui caractérise le père, c'est cette incitation à un combat pour vivre, un combat tout droit hérité du péché originel. La leçon, pour lui, est claire : il faut souffrir, sans quoi la vie ne vous offrira rien de bon. Raisonnement inverse une fois la mort envisagée : souffrir pour quoi ? Pour rien. Ce point-ci (au moins un) mérite pour le coup réflexion. A l'écran, donc, un Brad Pitt constipé du sentiment, dont la mâchoire chaque fois plus proéminente (de film en film, d'année en année) ne peut qu'apporter du crédit au personnage.

Le film, finalement, a pour défaut majeur d'opter pour les dérives courantes de la métaphysique. Il s'agit bien plus d'astrologie que de métaphysique à proprement parler. Au sein d'une sélection cannoise oh combien pessimiste, The tree of life offrait peut-être un recul salvateur, une vision transcendentale, éloignée de la triste actualité, par là-même rassurante et digne d'être récompensée. Soit, mais la spiritualité qui est donnée à voir ne convainc guère. Oui l'Homme est petit dans l'univers, oui Mère nature est puissante autant que l'individu est faible, oui la mort est injuste autant qu'elle passe inaperçue dans l'immensité de l'univers. Oui, oui, oui. Pascal et bien d'autres moralistes ont su l'expliquer bien mieux sans que le lyrique mélancolique (superbe lorsqu'il reste ainsi) ne se transforme en une réflexion facile sur la vie et son sens.

Restons en au côté technique, saluons le cinéaste et ignorons le penseur qui pense trop. Cela vaut mieux.

 

 

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Commentaires
C
Merci !
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