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Des mots niak'
27 avril 2011

PINA

Le phénomène 3D vous débecte ? Vous y voyez une basse stratégie commerciale ?
L'art contemporain, et a fortiori la danse contemporaine vous est indifférent(e) ? Vous n'y comprenez pas grand chose, ne comprenez encore moins pourquoi tout le monde s'ébahit autour de vous sans aucune raison apparente ? 

Dans son hommage à la chorégraphe Pina Bausch -morte il y a deux ans- Wim Wenders a trouvé un moyen de vous réconcilier avec les deux (quel homme).A-young-Pina-Bausch-train-002

Pina : un coup de coeur esthétique.

L'alliance de la 3D et de la danse paraît franchement naturelle, difficile d'imaginer pouvoir regarder le film sans les horribles lunettes de raton laveur. Parce que l'aspect tactile, mais surtout le relief sont fon-da-men-taux. Pina élabore plus que de la danse, elle crée des tableaux. Profondeur, seconds plans, personnages en retrait, la scène entière est occupée. J'irais même jusqu'à affirmer que la danse selon Pina n'est autre qu'un syncrétisme de diverses formes d'art.

pina-wendersSes danseurs ne se contentent pas d'exécuter, ils jouent. Et W.W d'exploiter cette particularité, de leur donner un rôle. Face à sa caméra, une parole, un regard profond, un sourire, et toujours une présence manifeste. L'expression d'un amour commun pour une grande femme, une femme peu loquace, mais exceptionnelle, qui déshinibe, qui offre sa vision du monde, ses leçons de vie. Quel que soit le moyen d'expression, au fond, l'hommage qui lui est fait est vibrant.

Des danseurs-acteurs, donc, sur l'écran, comme sur scène. Un jeu scénique au service de l'émotion. Dans les chorégraphies que Pina concocte, le corps a le pouvoir d'être expressif. Du désarroi le plus profond à la rage la plus intense, on est dans le Sublime, au sens esthétique et originel du terme. La danse donnée à voir est sauvage, furieuse, et foisonnante. Effusion de couleurs, fusion des contraires, cosmopolitisme, diversité (de la musique, du type de danse, du rythme) : il s'agit vraisemblablement d'une ode à la Vie. On parle du quotidien, on traite du temps, sans que l'ennui ne vienne s'interposer. Car les danseurs racontent, c'est une histoire plus que des gestes sans lien. La danse de Pina semble parler à tout le monde, et s'il faut distinguer plusieurs niveaux de lecture, si une symbolique forte représente probablement le degré supérieur de compréhension, le degré le plus superficiel est déjà splendide. Peu importe le sens quand la simple beauté peut toucher. 

Et pour sans cesse renouveler l'intéret de son spectateur, Pina -et Wenders par appropriation de son univers- font preuve d'une inventivité débridée. Dans chaque représentation, à chaque instant, un petit détail étonnant est à trouver : un homme qui nage, une femme portant un épicéa sur le dos. Comme s'il était question de chercher l'absurdité dans ses manifestations les plus anodines. Et Wenders de reprendre cette quête à son compte. Lorsqu'ils ne sont pas sur scène, les danseurs de Pina occupent des lieux plus improbables les uns que les autres. Transfiguration. 

PinaOn retient de Pina le fait qu'elle transgresse toute limite. Rien, absolument rien ne l'empêche de déployer son imaginaire. Les obstacles diparaissent à mesure qu'elle construit son monde : la scène, elle en fait ce qu'elle veut. Aussi les éléments naturels peuvent-ils être introduits. Nul étonnement à avoir, dès lors, face à un rocher central, à un sol recouvert de sable, à l'irruption de la pluie sur scène. C'est entre autre ce qui participe de la force d'une telle danse, transcendante.

Wim Wenders choisit ainsi de montrer, plutôt que de parler. Plus qu'une biographie, Pina est un documentaire "muet" : c'est au spectateur d'en tirer les émotions qu'il souhaite, la symbolique qu'il désire, les conclusions qu'il veut quant à la danse de Pina.

Et pourquoi pas cette conclusion : "dansez, dansez, sinon nous sommes perdus"

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